Sommes nous coupables de manger ?

Je me suis quasiment toujours sentie coupable de ce que je mangeais. Qu’il s’agisse d’une simple tomate ou d’un bol de céréales, ça n’allait jamais. Je me faisais des nœuds au cerveau et me torturais mentalement pour chaque bouchée avalée. Bref, j’étais jugée Coupable au Grand Tribunal des Régimes.

Est-ce que cela vous est déjà arrivé de vous sentir honteuse au point de vouloir vous cacher de vous-même ? Est-ce que ce sentiment vous poursuivait jusque dans vos choix alimentaires ? Ou devrais-je dire, surtout dans vos choix alimentaires ?

Mais essayons de comprendre pourquoi on se sent si coupable d’avoir avalé ces deux malheureuses frites pleines de mayonnaise.

  • Vous savez que ces frites ne rentrent pas dans votre régime.
  • Vous aviez pris la décision de manger sain, et vous vous l’étiez juré; aussi, vous vous décevez de ne pas respecter votre propre parole.
  • Vous trouvez que ces frites pourtant interdites sont excellentes, ce qui renforce votre mal-être.
  • Vous pensez que l’estime que vous vous portez dépend de ce que vous mangez ou ne mangez pas.
  • Vous avez des complexes sur votre poids, et vous pensez que manger des frites ne va que renforcer la piètre opinion que vous avez de vous-même.

Comme vous voyez il existe de très nombreuses causes et origines de ce que l’on appelle vaguement « la culpabilité ». Savoir identifier les raisons de son mal-être est un excellent moyen d’avancer.

Essayez de comprendre ce qui se cache réellement derrière votre culpabilité. Est-ce vous-même ? Vos croyances alimentaires ? Des proches qui vous imposent un régime que vous ne parvenez pas à tenir ? Unie idée que vous vous êtes mis dans la tête (comme par exemple faire une taille 34?)

C’est bon, vous l’avez trouvée, votre culpabilité ? Bien. Maintenant voyons quelles conséquences ce sentiment peut avoir sur vous. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais plus la culpabilité est forte, plus la situation vous échappe. Ainsi, si vous vous en voulez plus que tout pour ces deux frites, vous allez très certainement tomber dans le bac de crème glacée après. Non?

Pour ma part, c’était la philosophie du Tout ou Rien. Si je culpabilisais pour avoir mangé un aliment, je me disais que jamais plus de ma vie je n’en mangerai et que de toute façon, je n’avais qu’à m’arrêter de manger tout court jusqu’à la fin des temps. (Alerte Spoiler : c’est impossible, bien évidemment). Ou bien, vu que j’étais déjà mal, je m’enfonçais encore plus dans la culpabilité et le malaise en dévorant non pas deux, mais deux cent frites. C’est d’ailleurs souvent cette technique du foutu pour foutu qui gagnait.

Et c’est presque normal que je réagissais de la sorte face à ma culpabilité.

Car en m’empêchant de vivre et en me sentant coupable de tout (et surtout de rien), je déréglais complètement mes comportements.

Eh oui, la petite fille qui est en moi se sentait constamment bridée et tyrannisée par un nombre faramineux d’interdits, de règles strictes et rigides qui l’empêchaient tout simplement d’être elle-même ! Et vu qu’elle se faisait toujours gronder pour un rien, elle ne sait même plus ce qu’elle doit faire, et ça part dans tous les sens. D’où le fait que je me retrouvais à dévaliser mon frigo dès que j’estimais avoir dérapé ( 2 frites, mon Dieu quelle horreur !) et que je m’en voulais.

La prochaine fois que vous culpabiliserez devant votre assiette, demandez-vous si ce sentiment est légitime, et s’il a vraiment sa place dans votre journée. (Alerte Spoiler numéro 2 : c’est non).

Peu importe ce que vous avez mangé, en quantité ou en qualité. Vous rabaisser ainsi est contre productif.

Est-ce que vous traiteriez de la même manière un enfant qui aurait abusé de quelques bonbons ? Non, il a suffisamment mal au ventre pour que vous en rajoutiez une couche en le traitant de moins que rien et en lui rappelant qu’il n’arrivera à rien dans sa vie. Jamais vous ne pensez parler ainsi à un enfant : alors traitez-vous de la même manière, parce que vous méritez de vous respecter.

Prenez soin de vous,

M.