Comment j’ai accepté mon corps et perdu du poids

Quand je pense à toutes ces années d’errance durant lesquelles je me suis détestée et j’ai plié mon corps à la famine, je me rends compte que ma vie était un véritable enfer : mes séances de sport duraient finalement des journées entières, je mixais des boîtes d’haricots verts avec de l’eau pour en faire des « soupes light », je passais des heures devant mon miroir à scruter mon ventre sans fin. J’étais vraiment une pauvre fille désespérée par la vie, mais surtout par elle-même.

Et dire qu’aujourd’hui je scrolle mon téléphone en toute insouciance dans mon canapé en grignotant des chokobons, et sans AUCUNE culpabilité. Oui, je ne suis pas la plus productive, la plus affûtée, la plus fit, la plus mince. ET ALORS ??

Mais pour en arriver à un tel lâcher prise, j’ai dû apprendre à me foutre la paix. C’est une thématique récurrente de ce blog, mais c’est vraiment la clef de la guérison. Crois-tu que j’aurais ce discours si j’étais toujours autant stressée par la perfection et les objectifs irréalisables ? Non, certainement pas.

C’est pourquoi j’insiste, tu dois te foutre la paix.

En pratique, qu’est-ce que ça donne ?

1- Je dédramatise

C’est extrêmement pénible pour moi, car je rêve de vivre telle une Drama Queen dans un drame français où il y a des musiques très tristes en fond sonore, le tout en m’apitoyant sur mon existence, mais j’apprends à relativiser.

Oui, j’ai mangé 8 chokobons en écrivant cet article (bon d’accord, 14), j’avoue. Cela fait-il de moi une mauvaise personne ?

Si tu crois qu’en écoutant tes envies et en donnant à ton corps ce qu’il te demande, tu vas finir tel.le un éléphant de mer échoué sur sa banquise, au milieu de restes de pizza, de hamburger-frites, de choux à la crème et de glace vanille-noix de pécan, tu fais ta Drama Queen. Ne te cache pas, je te vois.

Même si ces aliments ne font pas tout à fait partie de l’alimentation d’un mammifère marin, tu ne penses pas que tu vas un peu loin ?

Eh bien, voilà, c’est ça la dédramatisation. Ça craint, mais il va falloir apprendre à le faire.

 

2- Je mange des vrais repas

Paradoxalement, c’est en mangeant que j’ai perdu du poids ! Finis les brocolis bouillis, les fromages light (mais qu’est ce que c’est que cette invention toute pourrie là ? Un fromage LIGHT ? Les deux mots ne vont même pas ensemble !!) et le coca zéro.

Je ne cherche plus à noyer ma faim sous des soupes au cresson à 30 calories le bol. Si je veux des pâtes à la carbo avec huit litres de crème fraîche (tu vois, dramatiser c’est dans mon ADN, j’ai beau essayer de changer, ça revient toujours !), je mange mes p*tains de pâtes carbo et ses huit litres de crème fraîche.

Il n’y a pas de miracle : pour guérir de la faim et de la compulsion, il faut s’autoriser à manger de tout.

Évidemment, tu vas culpabiliser au début. Tu vas te comparer à toutes les inconnues que tu vois sur ton Instagram, en te morfondant sur ton pauvre sort à base de « je suis sûre que ELLE, elle ne mange pas de pâtes carbo ». Peut-être, mais :

· Est-ce que tu t’intéresse vraiment à ce que mange cette fille que tu ne connais même pas ?

· Si ça se trouve cette fille ne mange rien à part des shakers protéinés. Tu préfères vraiment un shaker protéiné à des vrais aliments ?

· Ton corps est différent des autres et ton appétit est unique

· Est-ce que les calories t’ont rendue heureux.se ne serait-ce qu’une seule fois dans ta vie ?

· Le bonheur se trouve probablement dans cette fameuse assiette de pâtes

Alors s’il te plaît, si tu veux vraiment accepter ton corps, il va falloir te nourrir.

 

3- Je me repose

Aussi incroyable que cela paraisse, notre corps a besoin de sommeil pour vivre. Je sais, c’est dingue, et je n’y croyais pas non plus. Et pourtant j’ai fait 6 ans d’études de philo.

Mais en fait, à bien y réfléchir, si je commence ma journée par deux heures de « burning yoga » à jeun, que je vais courir sur ma pause déjeuner (au passage, ça m’évite de manger, pratique hein ?), et que j’enchaîne un cours de RPM (pour savoir de quoi il s’agit, rendez-vous page 44 de mon livre !) ET une séance de airboxing dans la soirée, le tout en grignotant des carottes et des flocons d’avoine, c’est peut-être normal que je perde mes cycles menstruels non ?

De même, ce n’est pas parce que je suis insomniaque à cause de mes angoisses que je suis obligée de mettre mes baskets pour courir entre 2h et 3h30 du matin !

D’autant que c’est un cercle vicieux ! Comme je ne dors pas, je vais faire du sport, et comme je prends cette habitude et que je culpabilise si je ne vais pas faire mon footing nocturne, je ne dors plus tout court !

À partir du moment où je me suis vraiment reposée (pas juste un jour off hein !), et que j’ai laissé le temps à mon corps de redescendre en pression, j’ai perdu du poids.

Moi qui passais ma vie à la salle de sport pour faire descendre l’aiguille de ma balance, j’ai minci quand j’ai dormi et que je n’ai plus stressé mon corps.

Mon petit conseil d’amie est donc de te reposer et de ne pas te forcer à quoi que ce soit (la vie est suffisamment remplie, pas besoin d’ajouter un cours de cuisses-abdos-fessiers le mardi soir à ce quotidien de fou !).

 

4- J’ai rencontré la bonne personne

Loin de moi l’idée que mon bonheur dépend d’une personne et qu’un prince charmant est venu me sauver de mon quotidien impossible. Je n’ai pas eu besoin d’un sauveur pour me sortir de cette galère. Je pense au contraire que du fait de ma guérison, j’ai été ouverte à une rencontre incroyable. Cette personne m’a par la suite accompagnée dans mon combat contre les TCA, parce que je lui avoué mon grand secret.

Que ce soit un chéri, une amie, un frère, voire une inconnue, il peut y avoir un déclic quand on rencontre la bonne personne.

Le fait de ne plus être seule face à mon ogre intérieur m’a aidée, car même si j’étais au plus bas et que je voulais abandonner, et reprendre mon régime à base de fanes de radis, j’ai eu une épaule sur laquelle pleurer.

J’ai pu avouer que c’était l’enfer, que j’étais toujours au même stade et que je ne voyais pas comment m’en sortir. J’ai pu écouter des mots réconfortants (bon, sur le moment je ne les entendais pas, car j’étais enfermée dans ma bulle, mais tout de même, ça fait la différence), et surtout, j’ai eu un garde-fou qui était là pour moi. Quand je me servais des portions ridicules, j’avais le droit à des remarques bienveillantes qui soulignaient (sans juger) mon comportement. Quand je tenais absolument à aller courir, mon chéri m’accompagnait et mettait aussi ses baskets pour qu’on transforme ce moment de souffrance et de punition en moment de solidarité.

Bref, je n’étais plus seule. Et ça, ça change tout.

 

Ainsi, je ne cherche pas à donner une nouvelle recette pour perdre du poids facilement, parce que chaque corps a son histoire et est unique, mais peut-être que tu pourras trouver des ressemblances dans certaines situations et que tu trouveras le chemin vers l’acceptation de ton corps. Je te le souhaite de tout cœur.

Prends soin de toi,

M.