Se peser, pour ou contre ?

La balance, c’est un comme un huissier de justice : ça fait peur, mais on lui obéit. Et en plus, c’est elle qui nous confirme ou non nos progrès, nos évolutions.

Alors, est-ce que c’est si bien de donner sa confiance aveugle dans une aiguille bien souvent ingrate ?

J’ai été une véritable accro à ma balance. Littéralement. J’avais ce besoin ultime de me peser, jusqu’à 5 fois par jour pour vérifier si mes « repas » avaient une influence sur mon poids (je mets des guillemets parce que ce n’étaient pas vraiment des repas, mais plutôt des en-cas à base de radis, carottes crues et jus de citron sans sel).

5 fois par jour… Mais qu’est ce qui m’est passé par la tête à ce moment de ma vie ? Je n’avais rien de mieux à faire ? Et puis ce n’est pas comme si j’allais apprendre une nouvelle extraordinaire puisque je le faisais tous les jours. Entre deux pesées, ce n’était pas « whaou dingue, j’ai perdu 25 kilos ! », mais plutôt « oh mon dieu, 100 grammes de plus que hier soir, c’est la fin du monde ! ».

Alors qu’est-ce que j’attendais ?? Un miracle ?

 

Je pense que se marier à sa balance n’est pas la meilleure des décisions que tu peux avoir

 

Parce que ça tourne vite à l’obsession.

En plus notre corps n’est pas un robot. Selon la température, notre fatigue, ce qu’on a mangé, bu, le moment de la journée, et l’alignement des étoiles (j’exagère à peine !), TOUT fait que notre poids varie jusqu’à +1.5kg PAR JOUR (dans mon cas).

C’est donc parfaitement normal de ne jamais avoir le même poids, et il ne faut pas s’alarmer si l’aiguille monte au cours de la journée !

Le souci, c’est que les chiffres conditionnaient complètement mon moral : si j’avais perdu ne serait-ce que 50 grammes, j’étais sur la bonne voie. Je me sentais puissante, fière et heureuse. Bon, je reconnais que jamais mon poids n’a trop descendu, il a surtout augmenté avec les années, m’enfermant de plus en plus dans une spirale sans fin du « je suis moche, grosse, je n’y arriverai jamais et patati et patata ».

La pesée devenait un Jugement Dernier, où toute ma personne se résumait à deux unités de chiffres. Ma valeur dépendait de ce petit écran qui s’affichait. Quand les piles étaient en panne, c’était la catastrophe. Je piquais celles de la télécommande de la télé, quitte à ne plus regarder ma série préférée. Une vraie droguée de la balance qui se mettait toute seule le moral à zéro parce que les chiffres ne lui donnaient jamais raison.

Mais pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant de raccourci aussi ? Mon poids c’est mon poids. Ce n’est pas moi, Mathilde, la joyeuse brunette hyper maladroite !

La balance est un outil. Point final. Pas une fin en soi.

Et là a été mon erreur : j’ai fait de cet outil ma raison de vivre.

En soi, ce n’est pas si grave de se peser ; c’est même bien pour certaines personnes, pour connaître leur poids ou peser leur valise avant les vacances. Fin de l’histoire.

Connaître son poids n’est en aucun cas un reflet de qui nous sommes. C’est juste une indication chiffrée de ce que pèse notre corps à un instant T. Ni plus ni moins !

Donc je ne vais pas démolir l’idée même de la balance (ce ne serait pas très équilibré de ma part – je dis ça par rapport à la balance… qui est équilibrée… tu as saisi la blague ou je sors ?). Parce que cela peut-être un bon indicateur médical.

Mais se peser tous les jours (pire encore, plusieurs fois par jours !) c’est une obsession contre-productive qui n’apporte rien à part de la frustration : ça nous enferme dans des schémas de vie impossibles et notre relation à notre corps et à l’alimentation se voit toute perturbée !

Si tu as quand même besoin de suivre ton évolution (et il n’y a aucun mal à cela tant que cela n’est pas synonyme de souffrance ou de comportements malsains avec la nourriture), je t’encourage plutôt à faire selon tes ressentis dans tes habits, ou selon ton niveau de forme (par exemple, si tu pratiques un sport, tu remarqueras assez vite si tu es plus à l’aise dans ton corps !).

Et la balance, avec modération !

 

Prends soin de toi,

 

M.