Pourquoi vous n’arrivez pas à vous arrêter de manger
À chaque repas, c’est la même chose : vous n’arrivez pas à quitter la table. Vous vous resservez pour la troisième fois du gratin dauphinois et vous allez chercher vos biscuits préférés pour le dessert. Peu importe vos efforts, vous vous retrouvez toujours à manger jusqu’à vous faire mal au ventre. Pourquoi ?
Comment se fait-il que nous n’arrivons pas à nous arrêter de manger ?
Comme vous, j’étais souvent désemparée devant mon assiette à la fin du repas. Je venais de manger outre mesure, et je m’en voulais terriblement. je ne comprenais pas pourquoi j’avais un tel appétit et pourquoi je n’arrivais pas à me raisonner.
J’avais beau essayer toutes sortes de techniques pour manger « normalement », je me retrouvais à me relever une heure après pour terminer mes repas. J’ai tenté de me faire des plateaux-repas où toute ma nourriture était déjà présente et délimitée; j’ai essayé de manger en pleine conscience; je me forçais à faire des activités juste après le repas pour m’occuper l’esprit; je m’empêchais de me resservir. Rien à faire, j’avais toujours envie de manger.
Si c’est aussi votre cas, la première chose à faire c’est de savoir si vous mangez suffisamment. Oui, vous avez bien lu. Cela vous semble t-il surprenant que je parle de manger plus alors que vous mangez déjà trop ? Pourtant c’est une erreur qui m’a coûté quelques années.
En effet, en ne mangeant pas assez, mon cerveau réclamait davantage et se sentait menacé par des repas trop légers. Il n’est pas dans notre nature de nous affamer, au contraire. Pour notre survie et celle de l’espèce humaine, nous sommes « conditionnés » à manger suffisamment, pour que nos cellules fonctionnent convenablement. Voyant que j’étais sur la limite entre mes dépenses énergétiques et mes entrées ( =ce que je mangeais), mon corps tirait la sonnette d’alarme et me faisait manger trop, par peur de ne pas manger assez. Mes repas composés de salade verte et de 20 grammes de lentilles corail ne me permettaient pas d’apporter l’énergie nécessaire à mon cerveau, mes muscles, mes poumons et tout le reste. D’où le fait que je dévorais des tartines beurrées juste après.
Vous êtes sceptique ? Alors essayez ! Demandez-vous pour de bon si vous mangez assez. Et attention, il peut y avoir une différence entre manger suffisamment et penser que l’on mange suffisamment. Essayez de prendre de la distance par rapport à ce que vous croyez être la vérité. Peut-être vous vous mettez le doigt dans l’œil ! Par exemple, j’étais convaincue que mes repas étaient largement suffisants, et copieux et tout ce que qu’on peut en dire. Je trouvais que 20 grammes de lentilles c’était déjà trop. Mais mes proches, mes collègues, mes colocs, mon chéri, bref, tout le monde s’accordait à dire « c’est tout ce que tu manges ? », mais moi je le vivais comme une avalanche de nourriture !
Le déclic est d’ailleurs venu de mon meilleur ami qui se servait toujours des plats de pâtes monstrueux, pendant que je picorais à côté de lui. Mais pendant le repas, je me resservais trois fois pendant qu’il savourait son plat. Une fois les assiettes vides, j’avais mangé la même quantité que lui, mais je me sentais toujours vide, et j’aurais pu me resservir encore et encore. Alors que lui était repu et heureux. Un jour, il m’a dit « Pourquoi tu ne te sers pas un vrai plat au lieu de te resservir constamment ? Au moins tu auras vraiment l’impression de manger ! « . Et il n’avait pas tort ! En me servant des quantités dignes d’un menu enfant, je n’étais jamais rassasiée visuellement et physiquement.
Bien, maintenant que ce premier point est éclairci, voyons pourquoi il reste difficile de s’arrêter de manger, même si vous mangez suffisamment et que tout semble être normal.
Si vous mangez jusqu’à avoir mal au ventre et culpabilisez pour le reste de la journée, ce n’est peut-être pas de votre faute. Deux facteurs peuvent rentrer en jeu : votre alimentation à proprement parler et votre cerveau.
Concernant ce que vous mettez dans votre assiette, il existe un lien entre l’aliment en question et votre comportement. En effet, les aliments industriels sont faits pour qu’on en redemande. Des chercheurs travaillent jour et nuit pour rendre ce biscuit encore plus savoureux, plus croustillant, plus agréable. Parce que leur seul but est que vous en rachetiez ! Business is business. Ne trouvez-vous pas étonnant de ne jamais réussir à ne manger qu’une cuillère de Nutella sans tomber dans le pot ? C’est parce que nous sommes en quelque sorte poussés à nous resservir à coup de glutamate, exhausteurs de goût, sirop de glucose et tout ces additifs.
Loin de moi l’idée de condamner le Nutella ! Quand je fais des crêpes, j’adore m’en préparer une ou deux à la pâte à tartiner (de préférence sans huile de palme pour essayer de limiter les conséquences environnementales de mon plaisir gustatif). Néanmoins, ces aliments ne font pas partie intégrante de mon alimentation. Et je les mange en connaissance de cause : je sais que je me fais manipuler, mais j’accepte de jouer le jeu. Je ne m’interdis pas ce plaisir si j’en ai envie, mais j’évite de manger des plats préparés et industriels à longueur de journée.
Ce qui nous emmène au deuxième facteur qui vous fait manger sans fin ni faim : votre cerveau ! Et ici, on retrouve le point commun entre le premier élément que j’ai évoqué (le fait de ne pas manger assez qui provoque une menace dans le cerveau) et la nourriture industrielle (qui est créée pour vous rendre accro). Ce cher cerveau ! Ne lui en voulez pas, il fait son job, à savoir vous faire traverser l’existence en évitant le maximum de souffrance et en maximisant les expériences positives.
Votre cerveau est programmé pour aimer les choses bonnes pour vous : le sucre, le gras, le sel. Ces éléments sont riches en calories et sont le plus à même de vous protéger dans un coup dur. Comme ils sont plus riches en énergie, ils vous apportent plus rapidement ce qui fait fonctionner votre corps. Efficacité, rentabilité, utilité !
Et plus encore, lorsque vous mangez des aliments denses en énergie, votre corps le sent et libère des endorphines, plus connues sous le nom de molécules du bonheur. Dans votre cerveau, ces molécules chimiques viennent vous apporter un sentiment agréable de bien-être rassurant. Parce que vous n’êtes pas menacé(e) par la famine !
C’est pourquoi le sucre est aussi bon : non seulement il est hautement palatable (agréable en bouche), mais en plus, votre cerveau libère des endorphines ! Double raison pour reprendre une cuillère de pâte à tartiner !
Si vous mangez trop, c’est simplement parce que c’est bon. Tant pour vos papilles gustatives que pour votre corps.
Que faire ? Sommes-nous condamnés à manger jusqu’à en être complètement écœurés ?
NON, et la preuve en est que des milliards de personnes sur cette Terre le font. Il convient juste de savoir si vous mangez suffisamment, si vous n’incluez pas trop de junk food (même s’il ne faut pas la bannir, car c’est ça aussi la vie !), et aussi de rassurer votre cerveau. Oui, c’est délicieux, oui vous avez envie de vider le plat à gratin, mais du calme! Vous en aurez encore ce soir, demain et tous les jours de votre existence si vous le voulez.
En vous autorisant de manger de tout, vous verrez que vous n’aurez plus besoin de vous jeter sur une nourriture « exceptionnelle ».
Prenez-soin de vous,
M.