Être heureuse avec un TCA, c’est possible ?
Anorexie, boulimie, hyperphagie riment souvent avec déprime. Et pour cause ! Ces troubles du comportement alimentaire sont une vraie torture au quotidien. Je n’ai jamais été aussi perdue dans ma vie que lorsque j’étais malade de la nourriture. Pour autant, est-ce que je n’ai pas aussi été heureuse à certains moments ?
Si tu me suis depuis un moment, tu sais qu’il me tient à cœur d’être la plus sincère et honnête possible. C’est pour ça qu’il me semblait important de revenir sur mes galères passées, et de te les présenter au grand jour. Si comme moi tu as vécu ou tu vis encore avec un TCA, on ne va pas se mentir, la vie est compliquée.
Souvent, c’est le désespoir, le sentiment de ne jamais s’en sortir, l’impuissance devant des pulsions (celle de manger ou de ne pas manger, celle qui nous oblige à aller faire du sport, celle qui nous pousse à nous rabaisser constamment), mais surtout un sentiment de « voie sans issue ». Je me rappelle, j’étais complètement angoissée et paralysée devant l’apparente insolubilité de ma situation.
Pour moi, c’était impossible de guérir.
J’ai passé beaucoup de temps à pleurer, à me détester, à vomir, à manger pour retourner vomir, à me détester et détester la Terre entière. Pendant 14 ans.
Mais quand je fais le bilan de toutes ces années, je me rends compte que j’ai aussi été heureuse. Heureuse de voyager aux quatre coins de la planète, heureuse de réussir à rentrer dans une entreprise sélective, heureuse de rire avec mes amis, heureuse de tomber amoureuse.
Oui j’étais malade. Oui aussi j’ai vécu de beaux moments.
Je n’ai pas envie de radicaliser mon propos en affirmant à tout va que les TCA c’est incompatible avec le fait d’avoir des moments heureux. Je n’ai pas non plus envie de faire croire que la vie avec un TCA c’est l’éclate absolue. Parce que soyons réalistes, c’était plus de la survie que de la vie.
Mais justement, ce sont tous ces petits instants de bonheur qui m’ont poussés à voir plus loin que le bout de mon assiette. Et en m’accrochant à tous ces « petits riens », j’ai trouvé l’énergie pour m’en sortir pour de bon.
Ce ne sont pas les TCA qui m’ont rendue heureuse, bien au contraire : mais la vie continue malgré tout et c’est le plus important ! Que la vie continue et que je m’accroche fermement à tout ce qui me donne le sourire.
Voilà, je tenais à partager ce message plein d’espoir à toi qui peut-être est au fond du trou : crois-y, la guérison est possible, tu peux y arriver. Et accroche toi à tout ce qui te fait du bien, te donne de la joie, même si ce sont de rares moments. Car ils te donneront l’énergie pour te battre et te sortir de tout ça !
Prends soin de toi,
M.