Les parents et les TCA
Attention, sujet sensible ! Même si on a tous envie de jouer les victimes ingrates envers nos parents, je ne tiens pas à faire du social shaming de nos chers petits papa et maman, parce que ce n’est ni le lieu, ni mon propos. Non, on ne fera pas ici le procès de nos parents (même si je SAIS que c’est HYPER tentant) ! En revanche, il me semblait vraiment important de parler du lien entre un trouble alimentaire et le rapport que l’on a avec ses parents.
Quand je regarde autour de moi, souvent les personnes qui développent un trouble alimentaire ne sont pas seules. Bien au contraire, c’est régulièrement le schéma de la petite première de la classe, qui veut bien faire (perfectionniste ? non, je dirai plutôt que j’aime que tout soit fait parfaitement !) avec des gentils parents, qui est le point commun à toutes les personnes qui se confient à moi.
Alors comment ça se fait que nos chers parents, qui nous aiment, qu’on aime, et qui n’ont pas de comportement malsains et abusifs comme la violence physique par exemple, bref, comment se fait-il qu’on se retrouve à vivre avec un TCA alors que « tout va bien » ?
Eh bien, c’est peut-être qu’il y a anguille sous roche.
Loin de moi l’idée de faire des généralités, et chaque famille a ses traumas et ses schémas. MAIS, je remarque que d’une génération à une autre, on se refile souvent les mêmes névroses. Pas forcément à l’identique, ou à la même intensité, mais les blessures de nos parents deviennent un jour les nôtres.
Voilà, c’est dit, ça ne sert à rien d’en vouloir à la terre entière (même si encore une fois c’est très tentant).
Et même si au départ j’avais l’impression d’avoir la famille la plus banale qui existe, et que tout allait bien, en grattant un peu, on trouve (toujours) quelques indices de ma future obsession de la nourriture.
Explications :
- Non, ce n’est pas normal d’avoir un proche qui t’explique au petit déjeuner, au déjeuner et au dîner les bienfaits du jeûne et que de toute façon, « moi je mange énoooormément » (alors que son assiette contient deux carottes), et qui te fait des remarques sur le poids de ta sœur.
- Non encore, ce n’est pas normal d’avoir un proche qui profite des restaurants ou soirées entre amis pour « dégommer » les plats, vu qu’à la maison c’est la dictature du manger-peu.
- Non enfin, ce n’est pas normal qu’un proche te fasse une remarque sur ton physique avant même de te dire bonjour ou te demander comment tu vas (alors que tu le voies trois fois par an).
Et tous ces petits riens mis bout à bout, ça peut donner (je dis bien que ça « peut » donner : ce n’est pas une fatalité) une fragilité/sensibilité au niveau du corps, du poids et de la nourriture.
Bien, et maintenant, qu’est ce que je fais de cette information ? Pourquoi j’ai besoin de savoir que j’ai hérité des névroses familiales ?
Je pense que c’est important de comprendre (sans tomber dans l’excès inverse où on veut tout savoir sur tout !), pour se protéger.
N’oublions pas que la psychologie c’est bien, mais les actions concrètes de la vie, c’est encore mieux.
Personnellement, maintenant que je connais grosso-modo mes schémas familiaux, je sais m’en protéger. Je ne tombe plus dans les mêmes panneaux, et j’apprends à briser les vieilles névroses qu’on se traîne depuis des générations dans ma famille.
Comment ?
Eh bien, pour reprendre les 3 exemples (véridiques) cités plus hauts, voici ce que ça donne :
- Je ne suis pas obligée d’écouter l’exposé magistral sur les bienfaits du jeûne au petit déjeuner. Je peux changer de conversation (même si la personne ne se laisse pas faire !), ou simplement me mettre dans ma bulle et faire semblant d’écouter alors que je continue mes jolis rêves de la nuit dans ma tête. Quand cette personne parle de son assiette pleine à raz bord (mais en fait vide), je peux soit ignorer la remarque, soit lui dire que ce n’est pas vrai, sans m’énerver. Quant aux remarques sur le poids de ma sœur, je peux calmement dire que je trouve ça déplacé et que cela ne nous regarde pas, elle fait bien ce qu’elle veut.
> BONUS GAGNÉ : en me protégeant, je ne suis plus dans la passivité. Je ne subis plus toutes ces remarques et je ne vais plus culpabiliser de manger des vraies assiettes, ou de ne pas faire un jeûne.
- Pour le cas numéro deux, je peux faire en sorte de participer aux courses pour qu’il y ait enfin de la nourriture en quantité à la maison. Je peux aussi tenter le dialogue avec ce proche qui semble attendre ces moments de festin hors de la maison, pour savoir s’il en souffre, ou s’il en a conscience.
> BONUS GAGNÉ : Le frigo sera probablement plus riche que d’habitude pour moi aussi, et puis je peux découvrir une personne fragile ou en colère, ou que sais-je encore. Ça permet de se dire que dans une famille, on avance ensemble, et pas les uns contre les autres (oui, oui, c’est encore moi qui écris ces lignes!).
- Pour la personne qui me parle de mon poids à chaque visite, avant même de me saluer, je peux lui faire gentiment remarquer que j’existe au-delà de mon corps (je ne sais pas si j’arriverai à être gentille à ce moment-là !) ou encore une fois, ignorer cette remarque. Ou alors arrêter de la voir 😊 Bon, c’est un peu radical mais si au final tu ne trouves aucun bénéfice à ces interminables repas de famille où ton poids est le principal sujet de conversation, pourquoi continuer à subir cette souffrance ?
> BONUS GAGNÉ : Ignorer les remarques pour de bon, c’est me laisser la possibilité de passer une bonne journée, quoi qu’ait pu être ce jugement physique. Ok, ce n’est pas évident, mais rassure-toi, ça vient avec le temps. Les jugements sont le reflet de la personne qui les fait, pas de qui tu es.
Tu vois ? On peut essayer d’avancer sans se perdre dans la victimisation et la culpabilité, en identifiant les mécanismes structurels de notre famille.
J’aurais encore 1000 autres choses à dire sur les parents et les TCA, comme par exemple le fait qu’ils ne veulent pas voir la réalité, mais ce sera l’objet d’un prochain article !
Prends soin de toi,
M.