Les Troubles du Comportement Alimentaire, késako ?

Vous allez souvent m’entendre employer l’expression « Trouble du Comportement Alimentaire » ou TCA dans mes articles. Mais quelle réalité se cache derrière cette expression ? De quoi parle t-on vraiment ?Anorexie, boulimie, hyperphagie, orthorexie, outremangeur, mangeur compulsif, mangeur émotionnel … Telles sont les innombrables facettes que revêttent les TCA. Quand on parle de Troubles du Comportement Alimentaire, on pourrait plus simplement dire « quand manger devient un problème ».

Inutile de lire les définitions de chacune des maladies évoquées pour savoir si notre rapport à la nourriture est malsain. Si vous passez votre journée à penser à ce que vous allez manger, ce que vous avez le droit de manger, ce que vous avez mangé la veille et ce que vous mangerez le lendemain, bref, si toute votre énergie se trouve dans la nourriture, c’est qu’il y a un problème.

Penser de manière constante et obsessionnelle à la nourriture et à votre corps n’est pas sain. Planifier sa journée en fonction de ses prises alimentaires, et se restreindre en fonction des conséquences que peut avoir tel ou tel aliment sur votre apparence non plus.

Laissez-moi vous décrire une journée-type d’une personne malade de la nourriture. Cette journée sera celle que j’ai vécu pendant plus de dix ans, les jours laissant place aux mois et aux années. Je vois désormais, avec le recul, à quel point mon quotidien était monotone et conditionné par ces problèmes alimentaires. Mais lorsque j’étais le nez dedans, je ne m’en rendais même pas compte !

Je me levais le matin, tôt, vers 5 ou 6 heures. Ma première pensée de la journée était « qu’est ce que je vais manger aujourd’hui », alors même que j’étais encore au lit, et que je n’avais pas faim. Je restais quelques minutes à me souvenir de ce que j’avais bien pu manger la veille, pour adapter mes repas du jour en fonction de ceux-là. Je me remémorais aussi les principes de mon régime actuel, sur les aliments que je devais éviter, et ceux auxquels j’avais le droit.

Puis j’allais dans la salle de bains et je soulevais mon tee-shirt pour voir si la nuit n’avait miraculeusement pas fait fondre mon ventre que j’avais en horreur. La réponse est non.

J’enfilais ensuite mes baskets et allais courir le ventre vide, pendant une bonne heure. Je détestais le jogging, mais j’avais l’impression que lui seul me donnait le droit de pouvoir manger après. De retour à la maison, je me douchais, et je vérifiais une nouvelle fois si le sport matinal n’avait pas eu raison de mon bourrelet en m’examinant dans le miroir. C’était encore et toujours un échec.

Je me faisais ensuite un smoothie avec une banane, du cacao non sucré bien amer, et de l’eau. J’engloutissais mon verre vite fait et partais travailler. À la pause déjeuner, je picorais une salade sans sauce, du quinoa sec et non salé, et une pomme. Je passais le repas à regarder les autres manger des plats appétissants, pendant que je vidais mon tupperware. Cela me donnait envie, mais je devais me battre contre ces envies.

De retour chez moi, vers 17h30, j’étais affamée et déprimée. Alors je mangeais des tartines au beurre de cacahuète et au miel. Une baguette y passait. Je ne contrôlais plus grand chose et il fallait me faire violence pour m’arrêter.

Alors, prise de dégoût envers moi-même, et complètement écœurée par ce goûter trop riche, j’allais dormir un peu.

En début de soirée, lorsque je me réveillais, j’allais remettre mes baskets pour courir (bien que je n’aimais toujours pas ça!), ou je faisais des abdominaux, des pompes et des squats jusqu’à épuisement.

Ensuite, je me faisais cuire un œuf avec une courgette que je mangeais en culpabilisant, et en me trouvant minable et toujours aussi grosse. J’allais dormir, espérant que le lendemain je sois plus forte et que je me tienne plus à carreau devant la nourriture.

Est-ce que cela vous semble familier ?

Les TCA partent souvent du même point de départ : la peur de manger. J’étais moi-même terrorisée devant un paquet de cookies, et je redoutais les invitations à des repas (que souvent je déclinais, par peur de ne pas savoir quoi manger). Cette peur est souvent liée avec une envie de contrôler absolument tout ce que l’on met dans son assiette -et plus largement, tout ce que l’on vit-.

En nous interdisant de manger et de vivre dans la fluidité et dans la simplicité, on ouvre la porte aux TCA qui n’attendent que cela. Et notre vie devient vite esclave de cette maladie aux multiples visages.

Mais rassurez-vous, même si vous pensez que c’est impossible, vous pouvez vous en sortir. Si j’ai guéri, vous aussi vous le pouvez, je ne suis pas plus douée que vous ; ne désespérez pas, vous n’êtes pas seuls ! J’ai longtemps cru que je vivrai ainsi, à culpabiliser à chaque bouchée, et je m’étais presque résolue à ce que ce cauchemar soit mon quotidien. Mais il est possible de voir le bout de tout ça. Et on va le faire ensemble. Vous allez gentiment donner un grand coup de pied à ces vilaines habitudes qui vous pourrissent l’existence. Vous allez voir comme cela fait du bien !

Prenez soin de vous,

M.