Je hais mon corps…

Bonjour à tous !

Aujourd’hui je voulais vous écrire concernant le rapport que l’on peut entretenir avec son corps.

Mon corps je l’ai détesté comme jamais je ne pourrais haïr quelqu’un sur cette Terre. Je l’ai traité avec mépris, dégoût et violence. L’ai-je seulement maltraité ou l’ai-je humilié, rabaissé, battu et fait pleurer ?

Pendant près de 13 longues années, je l’ai haï. Ça représente quand même 113 880 heures de haine, ce n’est pas rien.

Et plus je le détestais, plus il me le rendait. Il refusait constamment d’obéir à ma volonté. Quand je lui disais de maigrir, il stockait; quand je lui ordonnais de se lever, il me trahissait; quand je le forçais, il se rebellait.

Comment voulez-vous que j’aime cette chose (qui apparemment, était mon corps), alors qu’elle fait tout pour me pourrir l’existence ?

Comment signer un accord de paix avec cette chair molle, grasse, et dégueulasse qui me sert de corps ? Comment ne pas avoir honte de qui je suis, de ce à quoi je ressemble, quand justement, je ressemble à ça ?

Mon ventre, mes fesses, mes hanches, mon visage, mes yeux, mes mollets, mes cuisses, mes bras, tout me rendait hystérique. Hystérique d’être moi.

Alors je me faisais payer cette haine de moi en maltraitant mon corps, qui, n’avait rien demandé, si ce n’est un peu d’amour. Mais il était inconcevable et impossible pour moi d’accorder de l’affection à ce truc repoussant qui me servait d’enveloppe corporelle. Je ne voyais pas que ce corps, malgré tout ce que je lui faisais subir, était toujours là pour moi.

S’il refusait de se plier à mes régimes drastiques, c’était pour me protéger. Car non, l’être humain n’est pas fait pour peser 30 kilogrammes. S’il ne me laissait pas la possibilité d’aller courir, c’est parce qu’il était 2 heures du matin, et que j’avais déjà couru trois fois dans la journée pour « perdre du poids ». Si je ne voyais aucun résultat de tous les efforts monstrueux que je faisais pour être mince, c’est parce que ces efforts n’étaient pas bons pour moi. Si le palper-rouler ne me faisait pas maigrir, c’est parce que je me faisais des bleus au passage. Si je n’avais pas le ventre plat de mes 8 ans, c’est parce que j’en avais 18.

Et pendant que je le détestais et le haïssais au plus profond de moi, mon corps a continué à me faire vivre. Comment ? En envoyant du glucose à mon cerveau, en faisant respirer mes poumons, en digérant le peu de nourriture que je lui donnais, en construisant de nouvelles cellules en pleine pénurie, en contractant mes muscles pour me faire avancer, en faisant battre le cœur qui me faisait vivre.

Mais non, tout cela je ne le voyais pas ! J’étais juste obsédée par mon tour de taille, les abdos visibles de la fille sur Instagram, et mes bras flasques.

Je ne voyais pas que là où je semais le désordre, mon corps passait derrière moi pour tout ranger et tout remettre dans l’ordre.

Comme une vieille amie.

Je me suis trompée d’ennemi, et j’ai cru à tort que le problème venait de mon corps. Mais avec le recul, je me rends compte que ce corps si détesté a toujours été là pour moi. Alors que je n’ai jamais été là pour lui.

Aujourd’hui, je voudrais m’excuser et demander pardon à mon corps. Pour toutes les souffrances que je lui ai imposées. Nuits et jours pendant des années. Pardon pour tout ce mal, toute cette haine et ces horreurs que je t’ai fait vivre.

En demandant pardon à mon corps, je ne prétends pas l’aimer inconditionnellement. Je n’ai toujours pas le ventre dont je rêve et les bras musclés qui me faisaient tant envie. Mon strabisme est bel est bien là. Mais il y a une grosse différence entre s’accepter et s’aimer. Je n’ai pas envie de poursuivre la philosophie du « body positivity » où il faudrait chaque jour aimer son corps et ses complexes. C’est faux. Vous avez le droit de ne pas aimer votre nez, vos coudes ou je ne sais quoi. Le tout est de ne pas se pourrir la santé et l’existence avec ces pensées.

Mes bras ne sont pas exactement tels que je les souhaiterais, mais au fond, je m’en fiche un peu, et cela ne m’empêche pas de vivre ni de dormir. Ni de faire du sport, de lire, de rire avec des amies, de prendre mon chéri dans mes bras, de pousser ma sœur dans la piscine, de manger une bonne crêpe au sucre, d’écrire des articles.

C’est ok de ne pas s’aimer inconditionnellement. C’est ok de se foutre la paix. C’est ok de se pardonner et de passer à autre chose.

Si tu penses que ton corps est ton ennemi, prends le temps de réfléchir à deux fois pour ne pas te tromper d’adversaire.

Prends soin de toi,

M.