L’acceptation de soi, un travail de tous les jours

Aujourd’hui j’aimerais vous parler de l’acceptation de soi, qui est une thématique centrale dans les troubles alimentaires. J’ai souvent entendu des proverbes comme « Aime toi et la vie t’aimera » ou encore « s’aimer est le début du bonheur ». Mais moi qui détestais mon corps et qui avais honte de ma personne, je ne voyais pas bien comment faire pour m’aimer.

Comme vous peut-être, j’ai souffert pendant longtemps de l’image que j’avais de mon corps. Je me méprisais et trouvais que j’étais minable, quoi que je mange, quoi que je fasse, quoi que je pense. Et même une fois sortie de l’engrenage des troubles alimentaires, j’étais toujours aussi critique envers moi-même. Régler mes soucis avec la nourriture m’a certes aidé à poser un peu les choses, mais ce n’est pas de la magie non plus.

Ce n’est pas parce que ma vie ne tournait plus autour de la nourriture que j’étais enfin libre et respectueuse de moi-même. Cela a pris encore des mois à travailler sur moi, pour m’accepter telle que j’étais.

S’accepter ne signifie pas être comme on pense qu’on devrait être, ni être la meilleure version de soi-même; c’est simplement se laisser vivre et être soi, telle que l’on est aujourd’hui.

Mais comment faire pour atteindre ce Graal sacré de l’acceptation de soi ? Contre toute attente, pas grand chose. Mais c’est un travail de tous les jours. Cela semble contradictoire non ? En réalité, ce paradoxe n’en est pas un.

Explications. Comme je voulais m’accepter, il fallait que je mette en place des actions pour y arriver. Cela semblait évident. Alors j’ai lu des bouquins, écouté des podcasts, regardé des vidéos. Je me suis mise à faire des trucs bizarres comme me dire « je t’aime » devant mon miroir, ou encore « tu es belle ».

GRAVE ERREUR. Et vous savez pourquoi ? Parce que je ne le pensais pas. Et que l’autopersuasion ça ne marche que si on est un minimum convaincu de ce que l’on fait. Or moi, je me détestais encore plus pendant ces séances devant mon reflet, et je ne pensais pas un mot de tout cela. Bien au contraire. Je me disais des choses horribles comme « mais regarde toi, espèce de gros tas, tu parles à ton miroir mais tu vois bien que tu es bonne à rien et que tu débordes de partout avec tout ce gras ». Du coup, ces moments de soi-disant réconciliation personnelle se transformaient en torture. Et cela empirait même mon rapport à moi-même.

Comment faire alors la paix avec soi même ?

Désolé d’employer ce terme, mais il faut simplement se foutr* la paix. Tous les jours. Et c’est SUPER DUR. Les actions ne servent pas à grand chose pour réussir à s’aimer, et je suis convaincue que la plupart du temps ça ne nous aide pas. Au contraire, lorsque j’ai arrêté de me regarder dans le miroir pendant des heures, et que j’ai fait tourner ma vie ailleurs qu’autour de mon nombril plein de bourrelets (est-ce qu’on peut avoir un bourrelet dans un nombril ? Bonne question!), j’ai commencé à être plus en paix avec moi-même.

Ca a pris du temps, mais peu à peu, en travaillant sur le lâcher-prise davantage que sur l’acceptation de soi, j’ai fini par me laisser tranquille. Et ne plus être envahie par des pensées autodestructrices. Encore une fois, travailler sur le lâcher prise ne signifie pas écouter des milliers de podcasts et lire une bibliothèque entière de développement personnel. Non, il s’agit simplement de ne plus accorder d’attention à cette vilaine voix qui vous rabaisse constamment. Car c’est bien elle qui met le désordre dans votre tête. Et avec le temps, voyant qu’elle n’aura plus votre attention, cette méchante voix va finir par se taire.

Aujourd’hui, je suis en paix avec moi-même. Cela ne veut pas dire que je m’aime, et que je me trouve belle. Non, simplement je me respecte. Je n’ai pas besoin de me trouver canon pour me respecter. Certains jours je me trouve jolie, d’autres j’ai l’impression de ressembler à rien. Mais c’est ça la vie. Et puis au fond, je m’en fiche un peu d’être jolie ou pas, tant que je me sens bien dans mes baskets et en accord avec qui je suis. Tant que je peux agir au quotidien comme bon me semble.

Je n’ai pas besoin d’être jolie pour chanter, aller faire du skate, me régaler avec des crêpes, écrire cet article. Et c’est tout cela qui fait ma vie. Pas mon apparence physique.

La morale de cette histoire, c’est que Agir c’est bien, mais laisser faire c’est encore mieux.

Prenez soin de vous,

M.